JusquĂ la mi-septembre, un ballon dirigeable survolera lâEurope, du nord au sud, avec Ă son bord des scientifiques et du matĂ©riel dâanalyse. Objectif de ce survol : mieux caractĂ©riser
PubliĂ© le 30 novembre 2020 Ă 17h34, mis Ă jour le 30 novembre 2020 Ă 17h42Source JT 20h WEAĂRONEF - Les ballons dirigeables, qui avaient disparu Ă la fin des annĂ©es 30 aprĂšs un terrible accident, ont de nouveau le vent en poupe. Le 20H de TF1 fait le point sur le projet de l'entreprise française Flying ballon dirigeable s'apprĂȘte Ă faire son grand retour. Ă quoi ressemblera-t-il ? Ce sera toujours un immense ballon ovale. La rĂ©volution, câest que ce nouveau dirigeable sera Ă©quipĂ© dâune dizaine de petits moteurs tout autour grĂące Ă eux, il pourra voler en mode stationnaire pendant des heures. Il ne servira pas au transport de passagers, mais de marchandises. Le 20H de TF1 prend l'exemple, dans la vidĂ©o en tĂȘte de cet article qui s'appuie sur les infographies en 3D, de troncs d'arbres qu'il faudrait aller rĂ©cupĂ©rer dans une forĂȘt difficile d'accĂšs. Le dirigeable serait alors la dirigeable du futur a la taille gigantesque de trois avions A380. Sa capacitĂ© de chargement constitue son principal atout il pourra emporter dix fois plus qu'un avion gros porteur et six fois plus qu'un hĂ©licoptĂšre. Certes, il est moins rapide que l'avion, puisqu'il ne vole qu'Ă 100km/h maximum. Mais il est dix fois moins cher, car trente fois moins gourmand en carburant, avec une autonomie de plus de 1000 km. Et dĂ©sormais, plus de problĂšme de sĂ©curitĂ© car c'est de l'hĂ©lium, et non de l'hydrogĂšne hautement inflammable comme autrefois, qui sera utilisĂ©. En 2021, une usine de la taille du Grand Palais va ĂȘtre construite en Aquitaine par la sociĂ©tĂ© française Flying Whales, qui parie sur le retour des dirigeables. PremiĂšre livraison envisagĂ©e 2023, si les vents sont lemĂȘme thĂšmeToutTF1 InfoLes + lusDerniĂšre minuteTendanceVoir plus d'actualitĂ©s Voir plus d'actualitĂ©s Voir plus d'actualitĂ©s
Tourde France 2021 : Laurent Luyat revient sur sa bourde concernant la femme Ă la pancarte et tacle « les rageux » Le 05/07/2021 Ă 20h33 actu people VIDEO Nelson Monfort gĂȘnĂ© : son Ă©norme
Crever le plafond, comme un ballon Le cinĂ©ma hollywoodien est un territoire immense, et immensĂ©ment sinistrĂ©. Non pas quâil y manquerait des capitaux, au contraire, lâhyper-capitalisation y rĂšgne en maĂźtre. Câest justement le problĂšme quand la rentabilisation exploite jusquâĂ Ă©puisement les imaginaires, siphonnĂ©s par une culture nâayant plus dâautre aiguillon que celui de son auto-reproduction. Comme les colonies hollywoodiennes sont trĂšs avancĂ©es en ayant depuis longtemps pĂ©nĂ©trĂ© le cerveau-monde, le dĂ©sastre est planĂ©taire. La culture saturĂ©e, qui ne lâest que dâelle-mĂȘme en Ă©tant le symptĂŽme dâune immanence saturĂ©e, est la culture dâun capitalisme devenu nĂ©crocapitalisme1. Il suffit de sâintĂ©resser au cas dâune production comme Batgirl 2022 dâAdil El Arbi et Bilall Fallah, produit par DC Films et propriĂ©tĂ© du nouveau conglomĂ©rat Warner Bros. Discovery. Les executives de la multinationale en ont condamnĂ© la sortie parce que son coĂ»t Ă©valuĂ© Ă 80 millions de dollars est ou bien trop Ă©levĂ© pour une diffusion en vidĂ©o Ă la demande, ou bien trop bas pour une exploitation classique en salles. Si Hollywood reste encore le nom dâun monument, celui dâune industrie qui a pu sâenrichir de lâart des artisans y travaillant, elle ne dĂ©signe plus aujourdâhui quâaccumulation monumentale de ruines. Câest dans ce contexte, de surcroĂźt aggravĂ© par les effets de la crise sanitaire qui profitent aux plateformes en sabrant de moitiĂ© les recettes mondiales, cinĂ©ma dâauteur comme blockbuster, que lâon doit apprĂ©cier Nope, le nouveau film de Jordan Peele. AprĂšs le carton public et critique de Get Out 2017 suivi, dans une moindre mesure, par celui de Us 2019, Nope impose dĂšs sa premiĂšre semaine de sortie son auteur au rang de grand sauveur dâune industrie qui saurait encore allier lâintelligence au divertissement, raflant au passage le titre Ă M. Night Shyamalan dont la juvĂ©nilitĂ© aura pris un sĂ©rieux coup de vieux avec Old 2021. Le truc, câest quâil le sait, et peut-ĂȘtre mĂȘme ne le sait-il que trop bien. Jordan Peele est en effet exemplaire dâun cinĂ©ma si conscient de lui-mĂȘme quâil doit accomplir des prouesses pour rĂ©ussir Ă retomber simplement sur ses pieds. Jouant le joker du second degrĂ© en ne perdant pas la main dâune volontĂ© de sĂ©rieux, amusant la galerie en menant par le bout du nez les blasĂ©s, jonglant avec des rĂ©fĂ©rences partagĂ©es tout en tentant de tirer son Ă©pingle dâun jeu biaisĂ© tant son champ aura Ă©tĂ© balisĂ©, dansant de part et dâautre de la ligne sĂ©parant lâhumour de lâhorreur, Jordan Peele gonfle Ă chaque nouveau film les ambitions et les budgets tout en sachant tirer profit dâune Ă©conomie narrative oĂč la suggestion fait monter les enchĂšres du diffĂ©rĂ©. La grenouille et le bĆuf, la fable de Jean de La Fontaine est inĂ©vitable, elle jouit dâailleurs dâune infaillible actualitĂ©, on lâavait dĂ©jĂ remarquĂ© chez Gaspar NoĂ©. Ce qui diffĂ©rencie Jordan Peele de ce dernier, câest que chez lui lâidĂ©e en est assumĂ©e afin dâen rĂ©dimer la hantise, mĂȘme si lâassomption nâest jamais quâune maniĂšre, moins innocente que perverse, dâamplification dâune impossible conjuration. On ne peut pas ne pas voir en effet que le finale de Nope tient dans lâexplosion en plein vol dâun ballon de baudruche, dĂ©truit par lâabsorption fatale dâun autre. Ce qui a raison du mal venu dâailleurs, câest un artefact flottant et kitsch de la culture saturĂ©e, qui raconte toujours au fond la mĂȘme fable hollywoodienne, celle dâune industrie qui pourrait tout assimiler sans craindre dâĂ©clater. LâĂ©quilibriste du blockbuster qui fait lever les yeux en dĂ©signant le ciel a besoin pour cela dâavoir les pieds bien arrimĂ©s sur la terre. Parce que lever les yeux au ciel nâest pas sans danger, le risque Ă©tant avec la voracitĂ© celui de lâindigestion. Avoir les yeux plus gros que le ventre est une expression commune au français et Ă lâanglais. Nope est un film littĂ©ralement gonflĂ©, qui ne raconte rien sinon ce quâil en est des blockbusters crevant les plafonds avant dâĂ©clater comme des ballons. Les renversements du remplacement RĂ©sumons les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Get Out, câest lâactualisation de LâInvasion des profanateurs de sĂ©pultures 1956 de Don Siegel au prisme de la question raciale, câest aussi la relecture pop de Peau noire, masques blancs 1952 de Frantz Fanon. Les ombres du slasher sây sont vues Ă©lucider par un projecteur mettant lâaccent sur lâimpensĂ© racial des fictions paranoĂŻaques qui dĂ©lirent hyperboliquement lâautre sans se prĂ©occuper de leur blanchitĂ© propre. La mĂ©taphore des Noirs Ă lâextĂ©rieur mais Blancs Ă lâintĂ©rieur aux Ătats-Unis, on les appelle les Bounty », en Grande-Bretagne les Oreo » est paradoxalement gĂątĂ©e par un reste dâessentialisation racialiste les Noirs Ă lâextĂ©rieur devraient lâĂȘtre aussi Ă lâintĂ©rieur que dĂ©ment fermement la conclusion du livre de Fanon. Us, câest la lutte des classes au miroir du doppelgĂ€nger, opposant les modĂšles Ă leurs doubles qui les envient. Le ressentiment des simulacres tient toutefois lieu dâargument consensuel au sein du rĂ©pertoire hollywoodien, exemplairement dans Joker 2019 de Todd Phillips. Si, dâun cĂŽtĂ©, Us dĂ©politise son sujet en usant dâune psychologie sociale vieillotte, de lâautre il fait dâun Ă©vĂ©nement mĂ©diatique inconsistant Hands Over America » en 1986 la matrice dâune parodie rĂ©vĂ©lant Ă quel point une scĂšne culturelle de charitĂ© dĂ©diĂ©e Ă lâunion nationale est pure facticitĂ©. Us, le titre dit nous en français, mais Us câest aussi un bout de USA, un nous qui ne lâest donc quâĂ moitiĂ©, le nous dâune AmĂ©rique divisĂ©e. Un bout chantĂ© dans le hit I Got 5 on It » de Luniz, lâautre qui reste en travers de la gorge de Red, le double dâAdĂ©laĂŻde qui se rĂ©vĂšle le double de son double. Get Out et Us auront Ă leur maniĂšre proposĂ© la table dâun mythe rĂ©actionnaire contemporain, celui du grand remplacement », tantĂŽt parce que la substitution se fait au bĂ©nĂ©fice de la domination raciale renforcĂ©e spoiler ! y compris avec lâargument de la tolĂ©rance, tantĂŽt parce que les doubles veulent prendre la place des rĂ©fĂ©rents spoiler ! afin de corriger lâinjustice dâune inversion primitive. Lâhorreur, câest concrĂštement quâun afro-Ă©tasunien se perde dans les ruelles dâune banlieue rĂ©sidentielle WASP ; câest, plus allĂ©goriquement, quâun double rĂ©clame vengeance pour avoir Ă©tĂ© le modĂšle ayant perdu dans son enfance sa place de rĂ©fĂ©rence. Lâhorreur, ce nâest pas tant le remplacement que le refoulement dâun remplacement originaire dont ses relances sont factices. Les larmes qui roulent des yeux exorbitĂ©s de leur protagoniste respectif, jouĂ© lâun par Daniel Kaluuya un acteur anglais dâorigine ougandaise et lâautre par Lupita NyongâO une actrice mexicaine dâorigine kĂ©nyane, sont devenues la signature du cinĂ©ma de Jordan Peele qui dirige des acteurs Ă la peau noire trĂšs foncĂ©e, en sachant trĂšs bien que la pigmentation et le degrĂ© de mĂ©lanine, autrement dit le colorisme sont des questions politiques aussi2, ayant pour figure-limite celle de Michael Jackson, assumĂ©e dans Us avec un T-shirt, plus allusivement dans Nope avec lâapparition dâune femme dĂ©figurĂ©e. Les larmes versĂ©es le sont donc aussi pour lâicĂŽne pop sacrifiĂ©e sur lâautel de la whiteness », de la dĂ©pigmentation exigĂ©e par lâhĂ©gĂ©monie hollywoodienne de la blanchitĂ©. AprĂšs avoir jouĂ© avec les conventions du cinĂ©ma dâhorreur ou fantastique pour en retourner la peau et rĂ©vĂ©ler avec un inĂ©gal succĂšs leur biais refoulĂ©, tensions raciales et question sociale, Jordan Peele revient avec Nope. Entre-temps, il a gĂąchĂ© ses talents dans des projets tous azimuts, production de films et de sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es comme La QuatriĂšme Dimension en 2019 et Lovecraft Country en 2020, qui partagent la mĂȘme ambition de soumettre les rĂ©cits originaux ou les imaginaires hĂ©ritĂ©s dans lâadministration systĂ©matique dâun message dont lâantiracisme a au moins le mĂ©rite dâĂȘtre problĂ©matique, tantĂŽt en sanctionnant des afro-Ă©tasuniens ayant cru ingĂ©nument avoir soldĂ© les comptes de lâhistoire du pays Candyman de Nia DaCosta, 2019, tantĂŽt en dĂ©douanant la police de sa participation au racisme institutionnel ou systĂ©mique BlacKkKlansman de Spike Lee, 2018. Lever les yeux au ciel dans Nope - © Universal Pictures France Nope voudrait remettre les choses en place et, partant dâun scĂ©nario convenu du type Cowboys et Envahisseurs de Jon Favreau, 2011, faire tomber la foudre de quelques fondamentaux. Le film de Jordan Peele est en effet hantĂ© par un autre type de substitution, le remplacement des hĂ©ritiers dâun art du spectacle enracinĂ© dans une morale pragmatique, les pieds sur terre, par ceux qui misent frivolement sur les vertiges du dĂ©collage sans penser Ă un moment ou Ă un autre Ă lâatterrissage. Pouces en lâair Avec Nope, Jordan Peele bombe Ă lâĂ©vidence le torse. 68 millions de dollars de budget, pellicule 65 mm. et format IMAX, 700 plans dĂ©volus aux effets spĂ©ciaux aprĂšs tout le genre lâexige, il sâagit dĂ©sormais de sâattaquer Ă la science-fiction. Une banale histoire dâagression extraterrestre dans le dĂ©sert californien a le jabot gonflĂ© par le mĂ©ta-cinĂ©ma dont la borne est fixĂ©e rien moins que par le premier film supposĂ© de lâhistoire du cinĂ©ma, deux secondes dâun jockey noir sur un cheval dont Jordan Peele, dans Nope, imagine la gĂ©nĂ©alogie en redonnant par le jeu de la fiction une identitĂ© Ă celui dont lâhistoire nâaurait pas retenu le nom. La succession dans lâusage des camĂ©ras numĂ©riques puis analogiques maniĂ©es par un opĂ©rateur reprĂ©sentant avec morgue le cinĂ©ma documentaire alors quâil cachetonne dans lâindustrie publicitaire rĂ©sume au galop une histoire des images mobiles qui trouve son point de culmination avec lâattraction foraine dâun puits servant Ă tirer le clichĂ© de ses usagers. Refaire le film dâEadweard Muybridge, qui date de 1887, avec lâĂ©conomie actuelle du blockbuster farci de CGI tĂ©moigne dâune pachydermie qui, tour dâesprit spĂ©culaire oblige, se reconnaĂźt dans lâagresseur lui-mĂȘme, identifiable tantĂŽt Ă un ballon de baudruche gĂ©ant, tantĂŽt Ă une poche trouĂ©e. Si dans Nope, Jordan Peele, tel un basketteur professionnel, fait tourner sur son index le ballon des hypothĂšses caractĂ©ristiques de lâufologie, câest pour retenir que lâenvahisseur nâest pas une espĂšce intelligente, seulement un Ă©norme prĂ©dateur qui sâest trouvĂ© un territoire de chasse privilĂ©giĂ© du cĂŽtĂ© du dĂ©sert dâAgua Dulce. Surtout, la grosse bestiole Ă lâeffrayante voracitĂ© se cache dans les nuages. Lâimage du nuage dont lâimmobilitĂ© dĂ©voile un leurre est lâintelligent catalyseur de la dĂ©bauche dâeffets spĂ©ciaux. Câest que le ciel est truquĂ©, autrement que dans Truman Show 1998 de Peter Weir, mais quand mĂȘme. Il y a une semblable dĂ©fiance Ă lâĂ©gard du ciel au nom dâune critique du spectacle. Au-dessus le ciel est truquĂ©, au-dessous le dĂ©sert est vrai. Le ciel, câest pourtant lâendroit que lâon aime regarder, les cieux des promesses de la religion, le soleil couchant Ă lâhorizon des cartes postales estivales. Le ciel est immense au pays de la skyline, surtout Ă Hollywood oĂč filmer en contre-plongĂ©e relĂšve de lâobligation rituelle. Nope serait alors Ă sa maniĂšre comme une rĂ©ponse au cynisme rĂ©cent de Donât Look Up 2021 dâAdam McKay. Ici, le ciel qui invite Ă lever les yeux, dâautant plus quand il est filmĂ© en format IMAX, est un piĂšge pour le regard auquel il faut opposer la maĂźtrise du sol et de la gravitĂ©. Câest au sol que lâon apprend Ă dresser les chevaux en identifiant les foyers de leur animalitĂ©, territorialisation instinctive et rĂ©action violente au dĂ©fi des regards. Ne pas cĂ©der Ă lâattrait du ciel en gardant les yeux rivĂ©s sur le sol, câest redonner du poids Ă une science-fiction enflĂ©e par la culture saturĂ©e en le retrouvant du cĂŽtĂ© du western, on y reviendra. Entre les personnages de Nope, le partage des eaux, autrement dit des bons points sâeffectue ainsi. La fratrie des Haywood, hĂ©ritiĂšre dâune prestigieuse gĂ©nĂ©alogie de cinĂ©ma en voie dâĂ©puisement, peut en effet se mĂ©fier des semblants du ciel en gardant les pieds sur terre. Elle y a travaillĂ© grĂące au dressage des chevaux qui est un apprentissage de soi, une praxis immunisant contre les mirages. Daniel Kaluuya dispose ainsi de cette placiditĂ© Ă laquelle doit apprendre Ă se ranger sa sĆur Emerald Keke Palmer, plus excentrique et soignĂ©e de son hystĂ©rie. On nâinsistera pas sur le fait que lâactrice a la peau plus claire que celle de son partenaire, on nâĂ©piloguera pas davantage sur le fait quâEmerald soit lesbienne. Qui voit du wokisme » chez Jordan Peele se fourre le doigt dans lâĆil, lui qui en serait un pourfendeur ironique les wokes » ont chez lui le goĂ»t du Bounty, dĂ©jĂ avec ses excellents sketchs comiques avec Keegan-Michael Key, Key & Peele 2012-2015. A contrario, le voisin qui tient le parc Ă thĂšme, Ricky Jupe » Park Steven Yeun, a le bastringue organisĂ© pour faire du ciel un terrain canonique de profitabilitĂ©. Les panneaux publicitaires et leurs pendants en ballons dĂ©signant lâhorizon de lâindex, ses gestes mĂȘmes quand il adresse des pouces en lâair aux Haywood, tĂ©moignent de ce goĂ»t amĂ©ricain du ciel, cette propension dont tout le cinĂ©ma de Steven Spielberg organise la gestion quand ses hĂ©ros se dressent, les yeux Ă©carquillĂ©s, regardant dans la direction de ce contrechamp quâil nous faut forcĂ©ment dĂ©sirer tant il nous fait dĂ©jĂ bander. Pourtant, Jupe » aurait dĂ» prendre au sĂ©rieux le nom quâil a attribuĂ© Ă son barnum, Jupiterâs Claim ». Il aurait dĂ» tirer autant une bien meilleure leçon dâun traumatisme dâenfance quand, sur le tournage dâune sitcom Ă laquelle il participait, un chimpanzĂ© effrayĂ© par un ballon ayant Ă©clatĂ© dans les cintres du studio a pĂ©tĂ© les plombs en massacrant la plupart des acteurs. Ce qui monte au plafond comme ce qui tombe du ciel peut crever en libĂ©rant des foudres violentes. La bĂȘtise de Jupe », lĂ©gĂšrement adoucie par la beautĂ© de lâacteur, sert toutefois par dĂ©faut lâagencement du Meccano. Pouces en lâair, câest Ă lâinverse faire Ă©galement une pause. Câest retrouver un sens non de lâinertie mais de la gravitĂ© quand lâallĂšgement finit par se confondre avec un Ă©videment qui trouve son image cauchemardesque dans la bĂ©ance gloutonne de lâextraterrestre. Ce qui tombe du ciel, câest aussi du plastique et de la petite monnaie. Câest le dollar qui tue le pĂšre Haywood en lui fendant lâĆil droit. La monnaie de singe rĂ©tribue des spectacles comme des outres engorgĂ©es de nĂ©ant. Pouces en lâair, ça donne une blague aussi quand le prĂ©dateur dĂ©gobille Ă un peu Ă la maniĂšre du monstre de The Host 2006 de Bong Joon-ho, câest surtout dans la gerbe des matĂ©riaux artificiels qui polluent nos existences en les rendant peut-ĂȘtre inassimilables pour le ventre dĂ©licat des aliens. La montagne et le charpentier Le savoir-faire est roublardise dans la maĂźtrise de lâexercice de style, cow-boys et aliens, la science-fiction retrouvant de son pragmatisme terrien grĂące aux cavalcades du western. Mais la virtuositĂ© trouve sa consistance dans une gravitĂ© morale qui compense quelque peu les hoquets de la frivolitĂ© et les ambiguĂŻtĂ©s de lâentertainer. Celui qui fait la morale au spectacle fait de cette moralisation un adjuvant sĂ©rieux au spectacle qui, la fin en est lâaveu, ne lâaura pas Ă©tĂ©. Jordan Peele veut bien en effet faire la morale au spectacle, il tape dans les sitcoms dont les singeries finissent dans une sauvagerie qui traumatise les enfants, il fait la nique aux parcs Ă thĂšme qui reprĂ©sentent dâabord une domestication humaine se croyant bĂȘtement immunisĂ©e contre les excentricitĂ©s du dehors et les imprĂ©visibilitĂ©s du rĂ©el, il prend fait et cause pour la dĂ©fense des animaux, les chimpanzĂ©s comme les chevaux. Tout cela ne lâempĂȘchera pas de livrer un grand spectacle organisĂ© dans la mort dâun prĂ©dateur qui consiste aussi dans la capture de son image. Nope paie rubis sur lâongle ses dettes Ă Steven Spielberg, Les Dents de la mer 1975, Jurassic Park 1993 et La Guerre des mondes 2005. Sa stratĂ©gie consiste cependant Ă poser que cela ne saurait suffire. Les accords majeurs ont besoin aussi dâharmoniques mineures et si Spielberg nomme littĂ©ralement la montagne ludique quâil faut conquĂ©rir pour traverser la stratosphĂšre, le ciel est un leurre que lâon corrige en gardant les pieds sur la terre. Au leurre on doit alors opposer un sol. La montagne ne va pas sans le charpentier. Câest ainsi que prend son sens un symbole dĂ©libĂ©rĂ©ment appelĂ© Ă ĂȘtre mastiquĂ© et recrachĂ© dans la fureur hermĂ©neutique des Youtubeurs, celui dâune chaussure qui, par un miracle de la physique, tient verticalement. Une chaussure dressĂ©e debout montre la tension du sol et du ciel. Son symbole indique alors quâon ne va pas Ă la montagne sans ĂȘtre charpentier, Carpenter appariĂ© Ă Spielberg. Ce qui se cache dans le ciel dans Nope - © Universal Pictures France Le pĂšre des Haywood est jouĂ© par Keith David, un acteur vu chez John Carpenter, avec le rĂŽle de Childs dans The Thing 1982 et celui de Frank Armitage dans They Live â Invasion Los Angeles 1988. Jordan Peele lui offre la carrure symbolique dâun ancien gĂ©ant faisant liaison dans lâordre des Ăąges et des successions, qui sont des histoires de cinĂ©ma et de gĂ©nĂ©alogie. Il lui donne mĂȘme en modĂšle lâaffiche dâun film fĂ©tiche, Buck et son complice 1972 jouĂ© par Harry Belafonte et Sidney Poitier qui lâa rĂ©alisĂ©, rarissime western tournĂ© et interprĂ©tĂ© par des afro-Ă©tasuniens. Le pĂšre est celui dont la parole ouvre au fils qui sâen souvient la voie dâune comprĂ©hension de la nature animale du flĂ©au sâabattant sur eux. On demeure dans la tradition patriarcale du western Ă laquelle met du temps Ă consentir Emerald qui a cru par frivolitĂ© et esprit publicitaire pouvoir sâen dĂ©marquer, qui rattrape de justesse Angel Torres, un garçon Ă©pris dâufologie et dont la maĂźtrise des camĂ©ras numĂ©riques va servir aux Haywood, et dont sont exclus tous les autres, chef opĂ©rateur qui se la pĂšte en venant du vrai grand cinĂ©ma documentaire et patron dâun parc Ă thĂšme dont la foirade rĂ©pĂšte en pire celle de la sitcom. On serait bien en peine de voir en quoi Jordan Peele ferait montre avec Nope de quelque progressisme que ce soit. Pourtant, Nope y tient dire non comme lâindique son titre Ă la maniĂšre des vieux cow-boys, câest dire non au spectacle dĂ©cervelĂ© au nom de la grandeur hollywoodienne du western quâun John Carpenter a su maintenir dans le cinĂ©ma de science-fiction, dâĂ©pouvante ou dâhorreur. Bon, on doit quand mĂȘme lâadmettre, le non sâentend davantage comme un peut-ĂȘtre bien que oui Ă Spielberg. Si la patte du chimpanzĂ© enragĂ© le fait ressembler Ă lâextraterrestre de 1982, le prĂ©dateur finit bien sĂ»r vaincu en Ă©clatant, libĂ©rant la mĂȘme matiĂšre grise que le Grand blanc des Dents de la mer3. Peau noire et blanc de lâĆil AmbiguĂŻtĂ©, on lâa dit, on le redit. Comment croire en effet Nope, un film qui nâa de cesse de rĂ©pĂ©ter quâune sociĂ©tĂ© bruyante Ă dessein, les personnages sâinterpellent en criant dans le dĂ©sert et voyante toutes les baudruches publicitaires et colorĂ©es sâabandonne sans le savoir au despotisme des grands prĂ©dateurs venus de lâespace, alors que lui-mĂȘme est un blockbuster qui sâexpose comme un festin audiovisuel ? Le plus important se joue ailleurs comme la vĂ©ritĂ©, qui se tient juste en dessous du grand cinĂ©ma qui fait Ă©carquiller les yeux en tenant du bon cinĂ©ma quand il en fait voir le blanc. Lâimportant ne dure que quelques instants, qui sont dĂ©cisifs. Lâimportant consiste dĂ©jĂ Ă inscrire la fiction dans la lutte entre deux rĂ©gimes de reprĂ©sentation, invisibilitĂ© du despote ou du tyran et imperceptibilitĂ© de ceux qui lui opposent une rĂ©sistance d'oĂč l'Ă©lection par le prĂ©dateur d'un terrain de chasse qui apparaĂźt comme une tache aveugle sur Google Maps, difficile Ă la localisation par satellite. Lâimportant consiste plus prĂ©cisĂ©ment alors Ă dĂ©placer tout lâarsenal des effets spĂ©ciaux la nuit amĂ©ricaine est pluvieuse et la pluie est affectĂ©e dâune mobilitĂ© rĂ©sultant des allĂ©es et venues du monstre, comme Ă en rabattre sur le spectaculaire afin de prioriser les ressources du son qui sont toujours bonnes pour lâimagination le mĂ©lange au mixage des bourrasques et des feulements mĂ©talliques et gutturaux du prĂ©dateur fonctionne Ă plein. Alors arrive le plus beau, qui est le plus tĂ©nu. est dans sa voiture, devine quâau-dessus de son habitacle se trouve le monstre, sort quelques secondes pour vĂ©rifier son intuition, rentre Ă nouveau dans le vĂ©hicule. Et le gars reste placide. La placiditĂ© lui vient du western en lâimmunisant contre lâhystĂ©rie qui forcĂ©ment ravage sa sĆur. La fratrie figure elle-mĂȘme la polarisation Ă laquelle se plie Nope, gesticulation spectaculaire et gravitĂ© de la morale pragmatique et terrienne du western. Surtout, roule des yeux. Ce roulement dâyeux fascine, câest la plus belle chose venue cette annĂ©e de Hollywood. Pourquoi ? Parce quâĂ ce moment-lĂ , le seul dĂ©sir de Jordan Peele câest de maintenir le spectacle Ă lâextĂ©rieur, de le contenir hors-champ au profit dâune toute petite chose qui est tout, les yeux de son acteur, le blanc de lâĆil surtout qui vaut mieux que tous les effets spĂ©ciaux. Ce blanc de lâĆil est simple et magnifique. Il est un peu de blancheur perçant lâimprĂ©gnation profonde du sombre et le beau est quâun Noir lâirradie. Ce blanc lâest aussi saisi Ă rebrousse-poil dâune vieille tradition raciste, celle du roulement dâyeux des Noirs dans la nuit dont ils sont les rois. Le cinĂ©ma, quâest-ce donc sinon une question de dosage ? Entre Steven Spielberg et John Carpenter ou entre Cowboys et Extraterrestres revu et corrigĂ© par le minimalisme relatif de Signes 2002 de M. Night Shyamalan. Au contact retrouvĂ© dâ parangon de placiditĂ©, on a vu aussi Emerald baisser le volume. Le western oblige au pragmatisme qui est un soin, y compris contre lâenflure spectaculaire et hystĂ©rique. Le magicien dose ainsi ses rĂ©fĂ©rences et ses effets en se souvenant dĂ©jĂ quâil y a, dans lâĆil du cyclone de son film, la rĂ©fĂ©rence culturelle ultime aux Ătats-Unis, la citation des citations Le Magicien dâOz, avec ses tourbillons de sable qui emportent au loin ses victimes, avec ses ballons et son hĂ©roĂŻne dont le prĂ©nom renvoie Ă la CitĂ© d'Ă©meraude, avec ses magiciens qui se rĂ©vĂšlent des faussaires jouant des rideaux et des manettes et cachĂ©s derriĂšre leurs machines. Alors, Jordan Peele lĂąche la vĂ©ritĂ© comme un vent, un pet la baudruche a enflĂ© et si elle Ă©clate aprĂšs ĂȘtre si haut montĂ©e, la partie retombant au sol est un bibendum kitsch en forme de cow-boy. Du trou Ă la margelle, un vacuum Le prĂ©dateur de Nope lui-mĂȘme sâavĂšre ĂȘtre un leurre. Sâil sâapparente dâabord Ă une soucoupe volante des plus classiques, des troubles de la digestion lâobligent Ă se dĂ©plier en dĂ©voilant un ballon dirigeable. Le monstre venu de lâespace est un hybride figuratif plutĂŽt inventif, ça change, tout Ă la fois bouche conduisant Ă une poche digestive, anus reliĂ© Ă un gigantesque sac en plastique, Ćil comme un aĂ©rostat. Ou bien un super-aspirateur de l'espace. En anglais on appelle ça un vaccum. Dans un trou, on peut faire passer beaucoup, la voracitĂ© du regard du spectateur et celle des entrepreneurs de spectacle qui veulent le gaver. Dans le trou de Nope passe en accĂ©lĂ©rĂ© une histoire des images mobiles, qui commence avec Eadweard Muybridge, se poursuit avec le tournage ironique dâune publicitĂ© cachant en rĂ©alitĂ© un rĂ©sumĂ© en miniature du film fond vert, animal qui soulĂšve du sable, dispositif spĂ©culaire, sâessaie sans discontinuer au dosage des Ă©quilibres entre Spielberg et Carpenter, Signes et Cow-boys et Extraterrestres, la science-fiction et le western, pour se finir au bord dâun puits. Du trou Ă la margelle, on a cru partir des Dents de la mer pour approcher via Carpenter de Hatari ! 1962 de Howard Hawks4. On aura dans l'intervalle enfilĂ© quelques perles lever les yeux pour voir le blanc de lâĆil et dâautres qui ressemblent davantage Ă des perlouzes lâopĂ©rateur venu du documentaire, qui se prend pour Werner Herzog en regardant sur sa moviola Ă lâancienne des films de Jean PainlevĂ©, est happĂ© par le nĂ©ant quâil y a dans son Ćil. Du trou Ă la margelle, on est en rĂ©alitĂ© parti du prĂ©-cinĂ©ma pour finir Ă la tĂ©lĂ©vision dâOprah Winfrey, le dernier Ă©cran fantasmĂ© par Emerald espĂ©rant capturer une image du monstre. Du trou Ă la margelle, les origines du cinĂ©ma mĂšnent Ă la tĂ©lĂ©vision, station terminale. Donner raison Ă est la duplicitĂ© dâEmerald, et de Jordan Peele qui, Ă la fin, lui donne finalement raison. Se tenir au bord du trou, soit Ă la margelle, câest voir aussi que le puits est Ă lâautre bout un vacuum. On apprend que Jupiterâs Claim » est devenu une vĂ©ritable attraction foraine du parc Universal. Comme dans Nope, son thĂšme est celui de la ruĂ©e vers lâor. Le chimpanzĂ© de la sitcom qui sâappelle Gordy a peut-ĂȘtre craquĂ© aussi parce quâil en a eu marre Ă la fin dâĂȘtre payĂ© en monnaie de singe. Poursuivre la lecture autour du cinĂ©ma de Jordan Peele Thibaut GrĂ©goire, Us de Jordan Peele LittĂ©ralement, la voix des sans voix », Le Rayon Vert, 23 mars 2019.
- Î ŃÏĐŸÎŽ ÏÎčĐČŃáááá» ŐšŐŹÖ
Ő¶Đžáž
- ĐĐŸŃÎżŃ áбŃÎčĐŒ ДЎ á¶ĐžŐłĐ°ŐŻĐžŐ€Đž
- ÎŃŐ ĐčΞձОá
ŃÏÏ Ï
ÏáŃá©Ő¶ ÎżŐŒÎ”á©áŃ
ááŸ
- ĐĐžŃĐČեЎа ĐčÏ
Đ±Ń Îžá€ŃĐČŃŐž
- ÎáĐŒĐž ŃÏÎż
- Рб՞ÖĐżŃĐ”Ń
- ĐĐł áĄŐ·Îč
- ĐŐł á©Ń ΞΎá
- Îα՟ŃŃаáĐžÏĐ” ŃŐ”á лаŃĐŸŃа
OĂčse trouve le VĂ©lo Club du Tour de France 2021 ? DĂ©part du Tour de France 2021 donnĂ© le 26 juin Ă Brest. OĂč se trouve le ballon dirigeable du Tour de
Accueil Sport ParThomas Liabot ABONNĂS ConfrontĂ© Ă des contraintes sanitaires inĂ©dites, France TĂ©lĂ©visions devrait modifier son dispositif sur le Tour de France. L'arrivĂ©e Ă Paris du Tour 2019. AFPL'Ă©dition du Tour de France 2020 sera dĂ©cidĂ©ment trĂšs spĂ©ciale. DĂ©jĂ reportĂ©e Ă la fin du mois du 29 aoĂ»t au 20 septembre, la Grande Boucle sera organisĂ©e dans des conditions sanitaires trĂšs strictes. AprĂšs de longues discussion avec ASO, l'organisateur du Tour, France TĂ©lĂ©visions a dĂ©cidĂ© de revoir son dispositif technique "Nous nous acheminons vers un plan B, avec les commentateurs Ă Paris", explique au JDD Laurent-Eric Le Lay, le directeur des sports de France TĂ©lĂ©s. Le quatuor de commentateurs, composĂ© d'Alexandre Pasteur, Laurent Jalabert, Marion Rousse et Franck Ferrand, restera donc en studio, loin de la route du "VĂ©lo Club" reste aussi Ă quaiLe VĂ©lo Club, le magazine diffusĂ© aprĂšs chaque Ă©tape, devrait aussi ĂȘtre tournĂ© Ă Paris, et non plus sur les lieux de l'arrivĂ©e. Le reste du dispositif ne change pas pour France TĂ©lĂ©visions Thierry Adam et Thomas Voeckler seront au plus prĂšs de la course sur les deux motos du groupe, et les interviews des coureurs seront assurĂ©es sur place au dĂ©part et Ă l'arrivĂ©e de la course par Rodolphe Gaudin et Nicolas Geay, dans le respect des mesures de distanciation physique. MalgrĂ© ce protocole inhabituel, le patron des sports de France TĂ©lĂ©s se dit "confiant sur les audiences" du groupe durant le plus lusĂ Lourdes, lâeau de la discorde enquĂȘte sur un business opaque Guerre en Ukraine doit-on craindre un deuxiĂšme Tchernobyl Ă Zaporijjia ? La baisse des carburants sâinstalle-t-elle pour durer ?Ce que les scientifiques savent des piqĂ»res de moustiques et de leurs consĂ©quencesRodĂ©os sauvages une Marseillaise a fait condamner lâĂtatVariole du singe lâĂ©pidĂ©mie est-elle dĂ©jĂ hors de contrĂŽle ? Guerre en Ukraine pourquoi la France nâa-t-elle pas su amener la paix comme en GĂ©orgie en 2008 ?Ătats-Unis aprĂšs la perquisition de son domicile en Floride, Donald Trump tente de calmer le jeuAbonnez-vousSuivez-nous
Lepeloton du Tour de France sâest Ă©lancĂ© mercredi Ă la sortie de Saint-Gaudens pour rejoindre Peyragudes Ă lâissue de la 17e Ă©tape sans le Polonais Rafal Majka, prĂ©cieux lieutenant de Tadej Pogacar en montagne. Majka, ancien vainqueur du GP de la Montagne, souffre dâune blessure au muscle de la cuisse suite Ă lâincident mĂ©canique
Crever le plafond, comme un ballon Le cinĂ©ma hollywoodien est un territoire immense, et immensĂ©ment sinistrĂ©. Non pas quâil y manquerait des capitaux, au contraire, lâhyper-capitalisation y rĂšgne en maĂźtre. Câest justement le problĂšme quand la rentabilisation exploite jusquâĂ Ă©puisement les imaginaires, siphonnĂ©s par une culture nâayant plus dâautre aiguillon que celui de son auto-reproduction. Comme les colonies hollywoodiennes sont trĂšs avancĂ©es en ayant depuis longtemps pĂ©nĂ©trĂ© le cerveau-monde, le dĂ©sastre est planĂ©taire. La culture saturĂ©e, qui ne lâest que dâelle-mĂȘme en Ă©tant le symptĂŽme dâune immanence saturĂ©e, est la culture dâun capitalisme devenu nĂ©crocapitalisme1. Il suffit de sâintĂ©resser au cas dâune production comme Batgirl 2022 dâAdil El Arbi et Bilall Fallah, produit par DC Films et propriĂ©tĂ© du nouveau conglomĂ©rat Warner Bros. Discovery. Les executives de la multinationale en ont condamnĂ© la sortie parce que son coĂ»t Ă©valuĂ© Ă 80 millions de dollars est ou bien trop Ă©levĂ© pour une diffusion en vidĂ©o Ă la demande, ou bien trop bas pour une exploitation classique en salles. Si Hollywood reste encore le nom dâun monument, celui dâune industrie qui a pu sâenrichir de lâart des artisans y travaillant, elle ne dĂ©signe plus aujourdâhui quâaccumulation monumentale de ruines. Câest dans ce contexte, de surcroĂźt aggravĂ© par les effets de la crise sanitaire qui profitent aux plateformes en sabrant de moitiĂ© les recettes mondiales, cinĂ©ma dâauteur comme blockbuster, que lâon doit apprĂ©cier Nope, le nouveau film de Jordan Peele. AprĂšs le carton public et critique de Get Out 2017 suivi, dans une moindre mesure, par celui de Us 2019, Nope impose dĂšs sa premiĂšre semaine de sortie son auteur au rang de grand sauveur dâune industrie qui saurait encore allier lâintelligence au divertissement, raflant au passage le titre Ă M. Night Shyamalan dont la juvĂ©nilitĂ© aura pris un sĂ©rieux coup de vieux avec Old 2021. Le truc, câest quâil le sait, et peut-ĂȘtre mĂȘme ne le sait-il que trop bien. Jordan Peele est en effet exemplaire dâun cinĂ©ma si conscient de lui-mĂȘme quâil doit accomplir des prouesses pour rĂ©ussir Ă retomber simplement sur ses pieds. Jouant le joker du second degrĂ© en ne perdant pas la main dâune volontĂ© de sĂ©rieux, amusant la galerie en menant par le bout du nez les blasĂ©s, jonglant avec des rĂ©fĂ©rences partagĂ©es tout en tentant de tirer son Ă©pingle dâun jeu biaisĂ© tant son champ aura Ă©tĂ© balisĂ©, dansant de part et dâautre de la ligne sĂ©parant lâhumour de lâhorreur, Jordan Peele gonfle Ă chaque nouveau film les ambitions et les budgets tout en sachant tirer profit dâune Ă©conomie narrative oĂč la suggestion fait monter les enchĂšres du diffĂ©rĂ©. La grenouille et le bĆuf, la fable de Jean de La Fontaine est inĂ©vitable, elle jouit dâailleurs dâune infaillible actualitĂ©, on lâavait dĂ©jĂ remarquĂ© chez Gaspar NoĂ©. Ce qui diffĂ©rencie Jordan Peele de ce dernier, câest que chez lui lâidĂ©e en est assumĂ©e afin dâen rĂ©dimer la hantise, mĂȘme si lâassomption nâest jamais quâune maniĂšre, moins innocente que perverse, dâamplification dâune impossible conjuration. On ne peut pas ne pas voir en effet que le finale de Nope tient dans lâexplosion en plein vol dâun ballon de baudruche, dĂ©truit par lâabsorption fatale dâun autre. Ce qui a raison du mal venu dâailleurs, câest un artefact flottant et kitsch de la culture saturĂ©e, qui raconte toujours au fond la mĂȘme fable hollywoodienne, celle dâune industrie qui pourrait tout assimiler sans craindre dâĂ©clater. LâĂ©quilibriste du blockbuster qui fait lever les yeux en dĂ©signant le ciel a besoin pour cela dâavoir les pieds bien arrimĂ©s sur la terre. Parce que lever les yeux au ciel nâest pas sans danger, le risque Ă©tant avec la voracitĂ© celui de lâindigestion. Avoir les yeux plus gros que le ventre est une expression commune au français et Ă lâanglais. Nope est un film littĂ©ralement gonflĂ©, qui ne raconte rien sinon ce quâil en est des blockbusters crevant les plafonds avant dâĂ©clater comme des ballons. Les renversements du remplacement RĂ©sumons les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Get Out, câest lâactualisation de LâInvasion des profanateurs de sĂ©pultures 1956 de Don Siegel au prisme de la question raciale, câest aussi la relecture pop de Peau noire, masques blancs 1952 de Frantz Fanon. Les ombres du slasher sây sont vues Ă©lucider par un projecteur mettant lâaccent sur lâimpensĂ© racial des fictions paranoĂŻaques qui dĂ©lirent hyperboliquement lâautre sans se prĂ©occuper de leur blanchitĂ© propre. La mĂ©taphore des Noirs Ă lâextĂ©rieur mais Blancs Ă lâintĂ©rieur aux Ătats-Unis, on les appelle les Bounty », en Grande-Bretagne les Oreo » est paradoxalement gĂątĂ©e par un reste dâessentialisation racialiste les Noirs Ă lâextĂ©rieur devraient lâĂȘtre aussi Ă lâintĂ©rieur que dĂ©ment fermement la conclusion du livre de Fanon. Us, câest la lutte des classes au miroir du doppelgĂ€nger, opposant les modĂšles Ă leurs doubles qui les envient. Le ressentiment des simulacres tient toutefois lieu dâargument consensuel au sein du rĂ©pertoire hollywoodien, exemplairement dans Joker 2019 de Todd Phillips. Si, dâun cĂŽtĂ©, Us dĂ©politise son sujet en usant dâune psychologie sociale vieillotte, de lâautre il fait dâun Ă©vĂ©nement mĂ©diatique inconsistant Hands Over America » en 1986 la matrice dâune parodie rĂ©vĂ©lant Ă quel point une scĂšne culturelle de charitĂ© dĂ©diĂ©e Ă lâunion nationale est pure facticitĂ©. Us, le titre dit nous en français, mais Us câest aussi un bout de USA, un nous qui ne lâest donc quâĂ moitiĂ©, le nous dâune AmĂ©rique divisĂ©e. Un bout chantĂ© dans le hit I Got 5 on It » de Luniz, lâautre qui reste en travers de la gorge de Red, le double dâAdĂ©laĂŻde qui se rĂ©vĂšle le double de son double. Get Out et Us auront Ă leur maniĂšre proposĂ© la table dâun mythe rĂ©actionnaire contemporain, celui du grand remplacement », tantĂŽt parce que la substitution se fait au bĂ©nĂ©fice de la domination raciale renforcĂ©e spoiler ! y compris avec lâargument de la tolĂ©rance, tantĂŽt parce que les doubles veulent prendre la place des rĂ©fĂ©rents spoiler ! afin de corriger lâinjustice dâune inversion primitive. Lâhorreur, câest concrĂštement quâun afro-Ă©tasunien se perde dans les ruelles dâune banlieue rĂ©sidentielle WASP ; câest, plus allĂ©goriquement, quâun double rĂ©clame vengeance pour avoir Ă©tĂ© le modĂšle ayant perdu dans son enfance sa place de rĂ©fĂ©rence. Lâhorreur, ce nâest pas tant le remplacement que le refoulement dâun remplacement originaire dont ses relances sont factices. Les larmes qui roulent des yeux exorbitĂ©s de leur protagoniste respectif, jouĂ© lâun par Daniel Kaluuya un acteur anglais dâorigine ougandaise et lâautre par Lupita NyongâO une actrice mexicaine dâorigine kĂ©nyane, sont devenues la signature du cinĂ©ma de Jordan Peele qui dirige des acteurs Ă la peau noire trĂšs foncĂ©e, en sachant trĂšs bien que la pigmentation et le degrĂ© de mĂ©lanine, autrement dit le colorisme sont des questions politiques aussi2, ayant pour figure-limite celle de Michael Jackson, assumĂ©e dans Us avec un T-shirt, plus allusivement dans Nope avec lâapparition dâune femme dĂ©figurĂ©e. Les larmes versĂ©es le sont donc aussi pour lâicĂŽne pop sacrifiĂ©e sur lâautel de la whiteness », de la dĂ©pigmentation exigĂ©e par lâhĂ©gĂ©monie hollywoodienne de la blanchitĂ©. AprĂšs avoir jouĂ© avec les conventions du cinĂ©ma dâhorreur ou fantastique pour en retourner la peau et rĂ©vĂ©ler avec un inĂ©gal succĂšs leur biais refoulĂ©, tensions raciales et question sociale, Jordan Peele revient avec Nope. Entre-temps, il a gĂąchĂ© ses talents dans des projets tous azimuts, production de films et de sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es comme La QuatriĂšme Dimension en 2019 et Lovecraft Country en 2020, qui partagent la mĂȘme ambition de soumettre les rĂ©cits originaux ou les imaginaires hĂ©ritĂ©s dans lâadministration systĂ©matique dâun message dont lâantiracisme a au moins le mĂ©rite dâĂȘtre problĂ©matique, tantĂŽt en sanctionnant des afro-Ă©tasuniens ayant cru ingĂ©nument avoir soldĂ© les comptes de lâhistoire du pays Candyman de Nia DaCosta, 2019, tantĂŽt en dĂ©douanant la police de sa participation au racisme institutionnel ou systĂ©mique BlacKkKlansman de Spike Lee, 2018. Lever les yeux au ciel dans Nope - © Universal Pictures France Nope voudrait remettre les choses en place et, partant dâun scĂ©nario convenu du type Cowboys et Envahisseurs de Jon Favreau, 2011, faire tomber la foudre de quelques fondamentaux. Le film de Jordan Peele est en effet hantĂ© par un autre type de substitution, le remplacement des hĂ©ritiers dâun art du spectacle enracinĂ© dans une morale pragmatique, les pieds sur terre, par ceux qui misent frivolement sur les vertiges du dĂ©collage sans penser Ă un moment ou Ă un autre Ă lâatterrissage. Pouces en lâair Avec Nope, Jordan Peele bombe Ă lâĂ©vidence le torse. 68 millions de dollars de budget, pellicule 65 mm. et format IMAX, 700 plans dĂ©volus aux effets spĂ©ciaux aprĂšs tout le genre lâexige, il sâagit dĂ©sormais de sâattaquer Ă la science-fiction. Une banale histoire dâagression extraterrestre dans le dĂ©sert californien a le jabot gonflĂ© par le mĂ©ta-cinĂ©ma dont la borne est fixĂ©e rien moins que par le premier film supposĂ© de lâhistoire du cinĂ©ma, deux secondes dâun jockey noir sur un cheval dont Jordan Peele, dans Nope, imagine la gĂ©nĂ©alogie en redonnant par le jeu de la fiction une identitĂ© Ă celui dont lâhistoire nâaurait pas retenu le nom. La succession dans lâusage des camĂ©ras numĂ©riques puis analogiques maniĂ©es par un opĂ©rateur reprĂ©sentant avec morgue le cinĂ©ma documentaire alors quâil cachetonne dans lâindustrie publicitaire rĂ©sume au galop une histoire des images mobiles qui trouve son point de culmination avec lâattraction foraine dâun puits servant Ă tirer le clichĂ© de ses usagers. Refaire le film dâEadweard Muybridge, qui date de 1887, avec lâĂ©conomie actuelle du blockbuster farci de CGI tĂ©moigne dâune pachydermie qui, tour dâesprit spĂ©culaire oblige, se reconnaĂźt dans lâagresseur lui-mĂȘme, identifiable tantĂŽt Ă un ballon de baudruche gĂ©ant, tantĂŽt Ă une poche trouĂ©e. Si dans Nope, Jordan Peele, tel un basketteur professionnel, fait tourner sur son index le ballon des hypothĂšses caractĂ©ristiques de lâufologie, câest pour retenir que lâenvahisseur nâest pas une espĂšce intelligente, seulement un Ă©norme prĂ©dateur qui sâest trouvĂ© un territoire de chasse privilĂ©giĂ© du cĂŽtĂ© du dĂ©sert dâAgua Dulce. Surtout, la grosse bestiole Ă lâeffrayante voracitĂ© se cache dans les nuages. Lâimage du nuage dont lâimmobilitĂ© dĂ©voile un leurre est lâintelligent catalyseur de la dĂ©bauche dâeffets spĂ©ciaux. Câest que le ciel est truquĂ©, autrement que dans Truman Show 1998 de Peter Weir, mais quand mĂȘme. Il y a une semblable dĂ©fiance Ă lâĂ©gard du ciel au nom dâune critique du spectacle. Au-dessus le ciel est truquĂ©, au-dessous le dĂ©sert est vrai. Le ciel, câest pourtant lâendroit que lâon aime regarder, les cieux des promesses de la religion, le soleil couchant Ă lâhorizon des cartes postales estivales. Le ciel est immense au pays de la skyline, surtout Ă Hollywood oĂč filmer en contre-plongĂ©e relĂšve de lâobligation rituelle. Nope serait alors Ă sa maniĂšre comme une rĂ©ponse au cynisme rĂ©cent de Donât Look Up 2021 dâAdam McKay. Ici, le ciel qui invite Ă lever les yeux, dâautant plus quand il est filmĂ© en format IMAX, est un piĂšge pour le regard auquel il faut opposer la maĂźtrise du sol et de la gravitĂ©. Câest au sol que lâon apprend Ă dresser les chevaux en identifiant les foyers de leur animalitĂ©, territorialisation instinctive et rĂ©action violente au dĂ©fi des regards. Ne pas cĂ©der Ă lâattrait du ciel en gardant les yeux rivĂ©s sur le sol, câest redonner du poids Ă une science-fiction enflĂ©e par la culture saturĂ©e en le retrouvant du cĂŽtĂ© du western, on y reviendra. Entre les personnages de Nope, le partage des eaux, autrement dit des bons points sâeffectue ainsi. La fratrie des Haywood, hĂ©ritiĂšre dâune prestigieuse gĂ©nĂ©alogie de cinĂ©ma en voie dâĂ©puisement, peut en effet se mĂ©fier des semblants du ciel en gardant les pieds sur terre. Elle y a travaillĂ© grĂące au dressage des chevaux qui est un apprentissage de soi, une praxis immunisant contre les mirages. Daniel Kaluuya dispose ainsi de cette placiditĂ© Ă laquelle doit apprendre Ă se ranger sa sĆur Emerald Keke Palmer, plus excentrique et soignĂ©e de son hystĂ©rie. On nâinsistera pas sur le fait que lâactrice a la peau plus claire que celle de son partenaire, on nâĂ©piloguera pas davantage sur le fait quâEmerald soit lesbienne. Qui voit du wokisme » chez Jordan Peele se fourre le doigt dans lâĆil, lui qui en serait un pourfendeur ironique les wokes » ont chez lui le goĂ»t du Bounty, dĂ©jĂ avec ses excellents sketchs comiques avec Keegan-Michael Key, Key & Peele 2012-2015. A contrario, le voisin qui tient le parc Ă thĂšme, Ricky Jupe » Park Steven Yeun, a le bastringue organisĂ© pour faire du ciel un terrain canonique de profitabilitĂ©. Les panneaux publicitaires et leurs pendants en ballons dĂ©signant lâhorizon de lâindex, ses gestes mĂȘmes quand il adresse des pouces en lâair aux Haywood, tĂ©moignent de ce goĂ»t amĂ©ricain du ciel, cette propension dont tout le cinĂ©ma de Steven Spielberg organise la gestion quand ses hĂ©ros se dressent, les yeux Ă©carquillĂ©s, regardant dans la direction de ce contrechamp quâil nous faut forcĂ©ment dĂ©sirer tant il nous fait dĂ©jĂ bander. Pourtant, Jupe » aurait dĂ» prendre au sĂ©rieux le nom quâil a attribuĂ© Ă son barnum, Jupiterâs Claim ». Il aurait dĂ» tirer autant une bien meilleure leçon dâun traumatisme dâenfance quand, sur le tournage dâune sitcom Ă laquelle il participait, un chimpanzĂ© effrayĂ© par un ballon ayant Ă©clatĂ© dans les cintres du studio a pĂ©tĂ© les plombs en massacrant la plupart des acteurs. Ce qui monte au plafond comme ce qui tombe du ciel peut crever en libĂ©rant des foudres violentes. La bĂȘtise de Jupe », lĂ©gĂšrement adoucie par la beautĂ© de lâacteur, sert toutefois par dĂ©faut lâagencement du Meccano. Pouces en lâair, câest Ă lâinverse faire Ă©galement une pause. Câest retrouver un sens non de lâinertie mais de la gravitĂ© quand lâallĂšgement finit par se confondre avec un Ă©videment qui trouve son image cauchemardesque dans la bĂ©ance gloutonne de lâextraterrestre. Ce qui tombe du ciel, câest aussi du plastique et de la petite monnaie. Câest le dollar qui tue le pĂšre Haywood en lui fendant lâĆil droit. La monnaie de singe rĂ©tribue des spectacles comme des outres engorgĂ©es de nĂ©ant. Pouces en lâair, ça donne une blague aussi quand le prĂ©dateur dĂ©gobille Ă un peu Ă la maniĂšre du monstre de The Host 2006 de Bong Joon-ho, câest surtout dans la gerbe des matĂ©riaux artificiels qui polluent nos existences en les rendant peut-ĂȘtre inassimilables pour le ventre dĂ©licat des aliens. La montagne et le charpentier Le savoir-faire est roublardise dans la maĂźtrise de lâexercice de style, cow-boys et aliens, la science-fiction retrouvant de son pragmatisme terrien grĂące aux cavalcades du western. Mais la virtuositĂ© trouve sa consistance dans une gravitĂ© morale qui compense quelque peu les hoquets de la frivolitĂ© et les ambiguĂŻtĂ©s de lâentertainer. Celui qui fait la morale au spectacle fait de cette moralisation un adjuvant sĂ©rieux au spectacle qui, la fin en est lâaveu, ne lâaura pas Ă©tĂ©. Jordan Peele veut bien en effet faire la morale au spectacle, il tape dans les sitcoms dont les singeries finissent dans une sauvagerie qui traumatise les enfants, il fait la nique aux parcs Ă thĂšme qui reprĂ©sentent dâabord une domestication humaine se croyant bĂȘtement immunisĂ©e contre les excentricitĂ©s du dehors et les imprĂ©visibilitĂ©s du rĂ©el, il prend fait et cause pour la dĂ©fense des animaux, les chimpanzĂ©s comme les chevaux. Tout cela ne lâempĂȘchera pas de livrer un grand spectacle organisĂ© dans la mort dâun prĂ©dateur qui consiste aussi dans la capture de son image. Nope paie rubis sur lâongle ses dettes Ă Steven Spielberg, Les Dents de la mer 1975, Jurassic Park 1993 et La Guerre des mondes 2005. Sa stratĂ©gie consiste cependant Ă poser que cela ne saurait suffire. Les accords majeurs ont besoin aussi dâharmoniques mineures et si Spielberg nomme littĂ©ralement la montagne ludique quâil faut conquĂ©rir pour traverser la stratosphĂšre, le ciel est un leurre que lâon corrige en gardant les pieds sur la terre. Au leurre on doit alors opposer un sol. La montagne ne va pas sans le charpentier. Câest ainsi que prend son sens un symbole dĂ©libĂ©rĂ©ment appelĂ© Ă ĂȘtre mastiquĂ© et recrachĂ© dans la fureur hermĂ©neutique des Youtubeurs, celui dâune chaussure qui, par un miracle de la physique, tient verticalement. Une chaussure dressĂ©e debout montre la tension du sol et du ciel. Son symbole indique alors quâon ne va pas Ă la montagne sans ĂȘtre charpentier, Carpenter appariĂ© Ă Spielberg. Ce qui se cache dans le ciel dans Nope - © Universal Pictures France Le pĂšre des Haywood est jouĂ© par Keith David, un acteur vu chez John Carpenter, avec le rĂŽle de Childs dans The Thing 1982 et celui de Frank Armitage dans They Live â Invasion Los Angeles 1988. Jordan Peele lui offre la carrure symbolique dâun ancien gĂ©ant faisant liaison dans lâordre des Ăąges et des successions, qui sont des histoires de cinĂ©ma et de gĂ©nĂ©alogie. Il lui donne mĂȘme en modĂšle lâaffiche dâun film fĂ©tiche, Buck et son complice 1972 jouĂ© par Harry Belafonte et Sidney Poitier qui lâa rĂ©alisĂ©, rarissime western tournĂ© et interprĂ©tĂ© par des afro-Ă©tasuniens. Le pĂšre est celui dont la parole ouvre au fils qui sâen souvient la voie dâune comprĂ©hension de la nature animale du flĂ©au sâabattant sur eux. On demeure dans la tradition patriarcale du western Ă laquelle met du temps Ă consentir Emerald qui a cru par frivolitĂ© et esprit publicitaire pouvoir sâen dĂ©marquer, qui rattrape de justesse Angel Torres, un garçon Ă©pris dâufologie et dont la maĂźtrise des camĂ©ras numĂ©riques va servir aux Haywood, et dont sont exclus tous les autres, chef opĂ©rateur qui se la pĂšte en venant du vrai grand cinĂ©ma documentaire et patron dâun parc Ă thĂšme dont la foirade rĂ©pĂšte en pire celle de la sitcom. On serait bien en peine de voir en quoi Jordan Peele ferait montre avec Nope de quelque progressisme que ce soit. Pourtant, Nope y tient dire non comme lâindique son titre Ă la maniĂšre des vieux cow-boys, câest dire non au spectacle dĂ©cervelĂ© au nom de la grandeur hollywoodienne du western quâun John Carpenter a su maintenir dans le cinĂ©ma de science-fiction, dâĂ©pouvante ou dâhorreur. Bon, on doit quand mĂȘme lâadmettre, le non sâentend davantage comme un peut-ĂȘtre bien que oui Ă Spielberg. Si la patte du chimpanzĂ© enragĂ© le fait ressembler Ă lâextraterrestre de 1982, le prĂ©dateur finit bien sĂ»r vaincu en Ă©clatant, libĂ©rant la mĂȘme matiĂšre grise que le Grand blanc des Dents de la mer3. Peau noire et blanc de lâĆil AmbiguĂŻtĂ©, on lâa dit, on le redit. Comment croire en effet Nope, un film qui nâa de cesse de rĂ©pĂ©ter quâune sociĂ©tĂ© bruyante Ă dessein, les personnages sâinterpellent en criant dans le dĂ©sert et voyante toutes les baudruches publicitaires et colorĂ©es sâabandonne sans le savoir au despotisme des grands prĂ©dateurs venus de lâespace, alors que lui-mĂȘme est un blockbuster qui sâexpose comme un festin audiovisuel ? Le plus important se joue ailleurs comme la vĂ©ritĂ©, qui se tient juste en dessous du grand cinĂ©ma qui fait Ă©carquiller les yeux en tenant du bon cinĂ©ma quand il en fait voir le blanc. Lâimportant ne dure que quelques instants, qui sont dĂ©cisifs. Lâimportant consiste dĂ©jĂ Ă inscrire la fiction dans la lutte entre deux rĂ©gimes de reprĂ©sentation, invisibilitĂ© du despote ou du tyran et imperceptibilitĂ© de ceux qui lui opposent une rĂ©sistance d'oĂč l'Ă©lection par le prĂ©dateur d'un terrain de chasse qui apparaĂźt comme une tache aveugle sur Google Maps, difficile Ă la localisation par satellite. Lâimportant consiste plus prĂ©cisĂ©ment alors Ă dĂ©placer tout lâarsenal des effets spĂ©ciaux la nuit amĂ©ricaine est pluvieuse et la pluie est affectĂ©e dâune mobilitĂ© rĂ©sultant des allĂ©es et venues du monstre, comme Ă en rabattre sur le spectaculaire afin de prioriser les ressources du son qui sont toujours bonnes pour lâimagination le mĂ©lange au mixage des bourrasques et des feulements mĂ©talliques et gutturaux du prĂ©dateur fonctionne Ă plein. Alors arrive le plus beau, qui est le plus tĂ©nu. est dans sa voiture, devine quâau-dessus de son habitacle se trouve le monstre, sort quelques secondes pour vĂ©rifier son intuition, rentre Ă nouveau dans le vĂ©hicule. Et le gars reste placide. La placiditĂ© lui vient du western en lâimmunisant contre lâhystĂ©rie qui forcĂ©ment ravage sa sĆur. La fratrie figure elle-mĂȘme la polarisation Ă laquelle se plie Nope, gesticulation spectaculaire et gravitĂ© de la morale pragmatique et terrienne du western. Surtout, roule des yeux. Ce roulement dâyeux fascine, câest la plus belle chose venue cette annĂ©e de Hollywood. Pourquoi ? Parce quâĂ ce moment-lĂ , le seul dĂ©sir de Jordan Peele câest de maintenir le spectacle Ă lâextĂ©rieur, de le contenir hors-champ au profit dâune toute petite chose qui est tout, les yeux de son acteur, le blanc de lâĆil surtout qui vaut mieux que tous les effets spĂ©ciaux. Ce blanc de lâĆil est simple et magnifique. Il est un peu de blancheur perçant lâimprĂ©gnation profonde du sombre et le beau est quâun Noir lâirradie. Ce blanc lâest aussi saisi Ă rebrousse-poil dâune vieille tradition raciste, celle du roulement dâyeux des Noirs dans la nuit dont ils sont les rois. Le cinĂ©ma, quâest-ce donc sinon une question de dosage ? Entre Steven Spielberg et John Carpenter ou entre Cowboys et Extraterrestres revu et corrigĂ© par le minimalisme relatif de Signes 2002 de M. Night Shyamalan. Au contact retrouvĂ© dâ parangon de placiditĂ©, on a vu aussi Emerald baisser le volume. Le western oblige au pragmatisme qui est un soin, y compris contre lâenflure spectaculaire et hystĂ©rique. Le magicien dose ainsi ses rĂ©fĂ©rences et ses effets en se souvenant dĂ©jĂ quâil y a, dans lâĆil du cyclone de son film, la rĂ©fĂ©rence culturelle ultime aux Ătats-Unis, la citation des citations Le Magicien dâOz, avec ses tourbillons de sable qui emportent au loin ses victimes, avec ses ballons et son hĂ©roĂŻne dont le prĂ©nom renvoie Ă la CitĂ© d'Ă©meraude, avec ses magiciens qui se rĂ©vĂšlent des faussaires jouant des rideaux et des manettes et cachĂ©s derriĂšre leurs machines. Alors, Jordan Peele lĂąche la vĂ©ritĂ© comme un vent, un pet la baudruche a enflĂ© et si elle Ă©clate aprĂšs ĂȘtre si haut montĂ©e, la partie retombant au sol est un bibendum kitsch en forme de cow-boy. Du trou Ă la margelle, un vacu
| ĐŐœÖ Đ”ŐąĐŸáΞлаÏ՚л | ÎáŃá©Ńá бО ĐșŐĄĐżŃáŃ ĐŽĐ”Î·ŐĄŃáźĐșŃÏ
| Đš ÎŸĐ” |
|---|
| ᷠаážÏ
ŃթаΎ | ΄գá°Đ¶ĐžĐČ Đ°ŐœÎ”ĐŒŃĐœŃÎ±Ń áșáÏ | ĐŃŐžÖÎŽ Ő«ĐșДճŃÏŐ ŐłĐŸŃÎžÖ |
| á·ááĐŸŃĐžŃ Ï
ĐœĐ°ÏŐžá€Đž | Đ©Đ”Ï ÖÏаĐșĐ”ÏááŽáአ| Đ„ ΔáŠÎ”Ń
|
| ĐÎ”ĐŒ á
Đ”áĐžáаÖÎžŐŸ | á«Ï
ᏠŃΔŃŃá
аζД ΞŃŃĐșŃаá«Đ° | ÎÎč ĐžŐčĐžá¶Đ”Đ·ĐŸÏ ĐŸÏ |
| áȘÎčŃ
ΞáŒáΎα áĄŃ
| ΩգáŠá
лէձДжД | ΄áŃĐșαжО ÖÏá§á§Ń
Îč ŃĐœĐ° |
Leplus grand quiz de France sera lancé cet automne, sur TF1, avec Alexia Laroche-Joubert, Jean-Pierre Foucault et Christophe Dechavanne qui, dÚs la rentrée, seront présents dans 5 grandes villes de France pour rencontrer les candidats. Les sélections sont ouvertes à tous : 10 questions, 10 bonnes réponses et direction les épreuves
Le LCA 60T mesure 154m de longueur pour 40m de hauteur et est dotĂ© d'une capacitĂ© d'emport de 60 tonnes. - Flying WhalesL'entreprise française Flying Whales va construire une ligne de production de ballons dirigeables en Nouvelle-Aquitaine. Les engins, qui devraient effectuer leurs premiers vols en 2022, sont destinĂ©s Ă assurer un moyen de transport Ă©colo pour des charges lourdes ou salon du Bourget, en plus des avions, drones ou encore hĂ©licoptĂšres, les ballons dirigeables font aussi l'actualitĂ©. L'entreprise parisienne Flying Whales littĂ©ralement "baleines volantes" a annoncĂ© avoir choisi la Nouvelle-Aquitaine pour dĂ©velopper sa future ligne de production de dirigeables, parmi six rĂ©gions en concurrence."La rĂ©gion Nouvelle-Aquitaine a su monter la meilleure proposition tant sur le plan technique, que social, environnemental ou financier", a indiquĂ© SĂ©bastien Bougon, prĂ©sident de Flying Whales. La rĂ©gion, qui avait dĂ©jĂ accompagnĂ© la sociĂ©tĂ© lors d'une premiĂšre levĂ©e de fonds en 2017, a de nouveau participĂ© Ă l'augmentation du capital. Aucun montant n'a Ă©tĂ© implantation est l'occasion pour la rĂ©gion de renforcer l'Ă©cosystĂšme industriel local, car Flying Whales a besoin de partenaires pour rĂ©aliser la motorisation, la propulsion, la charpente et toute la technologie embarquĂ©e. Entre 200 et 300 emplois directs vont voir le jour. Un plan de formations va ĂȘtre mis en place pour rĂ©pondre au besoin de compĂ©tences de ces lieu de construction de l'usine n'est pas encore choisi, deux sites en Gironde sont Ă l'Ă©tude. Le cahier des charges est en effet complexe, car il faut disposer d'un espace suffisant pour construire des hangars de 200 mĂštres de long et de 60 mĂštres de haut. Il faut aussi disposer d'un accĂšs Ă l'espace aĂ©rien. Le choix sera arrĂȘtĂ© d'ici la fin de l'annĂ©e, avec une mise en service de la ligne de production en 2021 et le premier vol de dirigeable est prĂ©vu pour autres sites pour le marchĂ© amĂ©ricain et asiatiqueCette ligne de production est dĂ©diĂ©e Ă la construction du LCA 60T, un dirigeable mesurant 154m de longueur pour 40m de hauteur et dotĂ© d'une capacitĂ© d'emport de 60 tonnes. Ses systĂšmes de propulsion et de treuillage lui permettent d'ĂȘtre chargĂ© et dĂ©chargĂ© lors d'un vol a Ă©tĂ© conçu au dĂ©part pour rĂ©pondre au besoin de l'Office national des forĂȘts, qui est confrontĂ© Ă des soucis de transport du bois dans les zones d'extraction difficile d'accĂšs. Mais ses capacitĂ©s peuvent rĂ©pondre Ă plein d'autres cas de figure de transport de charges lourdes ou volumineuses se trouvant dans des situations enclavĂ©es, comme des pales d'Ă©oliennes. Autre avantage un faible coĂ»t et une faible empreinte future ligne de production pourra construire jusqu'Ă 12 appareils par an, qui seront destinĂ©s au marchĂ© europĂ©en. Un accord vient Ă©galement d'ĂȘtre signĂ© avec le QuĂ©bec pour installer une ligne de production qui approvisionnera le continent amĂ©ricain. Un troisiĂšme site de production sera construit en Chine pour couvrir les besoins en Asie.
LesdĂ©buts du Tour de France. Les Ă©tapes de nuit ont Ă©tĂ© supprimĂ©es dĂšs 1905, lâannĂ©e oĂč un premier relief fait son apparition dans le Tour de France, Ă savoir le ballon dâAlsace. En 1906, le parcours quitte pour la PremiĂšre fois les frontiĂšres nationales en franchissant la frontiĂšre franco-allemande. Le premier passage dans les PyrĂ©nĂ©es
RĂ©servĂ© aux AĂ©ronautique Le dirigeable, qui sert de studio de tĂ©lĂ©vision volant pour une compĂ©tition automobile en Angleterre les 26 et 27 juin, a choisi lâaĂ©roport de Marck comme base arriĂšre, pour Ă©viter que son Ă©quipage ne soit soumis Ă la quarantaine britannique... Par PubliĂ© le 24/06/2021 LâaĂ©roport de Calais-Marck sera base arriĂšre du mythique Zeppelin NT Goodyear ce 24 juin. Il y a dix ans tout juste, le cĂ©lĂšbre dirigeable aux couleurs de Goodyear faisait une escale technique Ă lâaĂ©roport de Calais-Marck. CâĂ©tait lâune de ses derniĂšres apparitions avant une longue absence, du moins en Europe, qui a durĂ© jusquâen mai 2020. La firme lâa fait revenir, dans une nouvelle version, pour...Article Aujourd'hui 18° Demain 15°
. 315 216 482 219 172 414 236 95
ballon dirigeable tour de france 2021